Luc Lafond, diplômé de l’IAE, lauréat d’un trophée Direction(s)

19/04/2019

Luc Lafond, diplômé du master Management des Organisations Sociales, a reçu récemment le prix du management du trophée Direction(s) pour avoir développé la philosophie de l'entreprise libérée dans le « secteur médico-social ». Il évoque pour nous son parcours, l’impact de ce prix et sa stratégie de management.

Pouvez-vous présenter et présenter votre parcours ?


J’ai 44 ans et je suis actuellement Directeur d’un foyer de vie pour Adultes handicapées mentaux. Après avoir fait un DUT Carrières Sociales, j’ai pris mon premier poste dans un EHPAD, puis au sein d’un service d’aides et de soins à domicile où je me suis vu confier la responsabilité d’un dispositif expérimental pour adultes handicapés psychiques. De là, j’ai poursuivi un parcours de chef de service en SAMSAH (service d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés), dans une Maison d’accueil spécialisée pour autistes et psychotiques, puis au sein du foyer de vie où j’ai été nommé rapidement Directeur après mon arrivée. C’est à ce moment que j’ai suivi le Master MOS à l’IAE, en 2016-2017.

 

Vous avez remporté en Novembre 2018 un trophée Direction[s] dans la catégorie “Gouvernance et management d’équipe”, comment avez-vous vécu cette remise de prix ? Qu’a-t-elle apporté à votre structure ?


Nous avions candidaté d’une part pour valoriser le travail de l’équipe et maintenir la dynamique autour de notre projet managérial et d’autre part, pour donner de la légitimité à ce type de management qui s’inscrit relativement en rupture avec la culture très bureaucratique du secteur. L’obtention du prix, la visite des journalistes de Direction(s) puis l’article ont suscité une grande fierté pour tout le monde. Nous avons été ensuite beaucoup sollicité pour témoigner de notre parcours et partager notre expérience. Cependant, nous restons encore sur un mode de management très marginal mais j’ai la certitude que cela va évoluer rapidement avec l’arrivée de la nouvelle génération.

 

Vous avez obtenu ce prix pour votre travail à La Maison d’Éole dans laquelle vous avez mis en place le concept “d'entreprise libérée”, vous pouvez nous en dire quelques mots ?


Mon constat sur le management dans le secteur du médico-social se développe en quatre points. J’ai constaté que le bien-être des résidents est intimement lié au bien-être des équipes : les résidents vont bien si les équipes vont bien. La question du bien-être au travail (QVT) doit être un objectif central.
Deuxième élément de réflexion : la perte de sens dans la pratique du travail. Malgré la volonté des équipes d’encadrement de mettre du sens dans les pratiques quotidiennes, le management par les procédures induit de rappeler constamment aux équipes le « comment ? » et de ce fait, elles en oublient régulièrement le « pourquoi ? ». Le rapport à l’autorité est également questionné et les nouvelles générations semblent pouvoir s’investir qu’en présence de libertés créatives.
Enfin, le secteur est en transformation, les demandes du public changent et la profession doit s’y adapter.

Pour moi, son constat impose de faire des choix managériaux ambitieux. L’article de Direction(s) vous présentera quelques éléments concrets de ce qui s’est mis en place au sein de mon établissement, mais ce n’est pas une recette à appliquer : l’entreprise libérée est une philosophie et une co-construction avec ses équipes. Chaque organisation développera donc des réponses qui lui sont propres en fonction de sa situation, de son histoire et des personnes qui la composent. En revanche, toute organisation, tout dirigeant, peut se dire qu’il est possible de penser et de faire autrement et s’il en a la volonté, engager une transformation libératrice des énergies et des potentiels.

 

En quoi votre formation en “Master Management des Organisations Sociales” vous a aidé à développer votre stratégie de management ?


La formation à l’IAE m’a beaucoup apporté car elle m’a permis de m’enrichir sur le plan théorique mais surtout, grâce aux échanges avec les formateurs et mes collègues, m’a amené à une prise de recul. De là, j’ai regardé le secteur médico-social de manière beaucoup plus critique et plutôt que de le subir, je me suis dit que je pouvais contribuer à le faire évoluer à mon humble niveau.

Par ailleurs, lors de ma soutenance, les membres du jury m’ont exprimé que ce que je proposais était « dangereux ». Ceci m’a permis de comprendre que j’étais sur des sujets très clivants. Mon approche était en totale décalage avec des éléments sur lesquels des professionnels ont développé les compétences leur donnant légitimité, elle n’était donc pas entendable pour certains. Cette épisode douloureux m’a appris à faire preuve de prudence dans la manière d’évoquer mon travail.

 

Et maintenant, quels projets avez-vous pour le futur ? Comptez-vous approfondir votre stratégie de management menée à La Maison d’Éole ?


Oui, le projet se poursuit sur mon établissement et les équipes continuent à prendre de plus en plus d’autonomie. Après avoir réinterrogé les niveaux de décisions pour les ramener au plus proche du terrain, nous avons modifié notre approche sur la place des résidents. Par exemple, ils participeront bientôt aux entretiens de recrutement.

De mon côté, je suis très sollicité pour transmettre ma réflexion et mon expérience et je développe donc en parallèle de mon poste de Directeur, une activité de consultant/formateur. Pourquoi pas intervenir prochainement auprès des étudiants de l’IAE ?

 

Un conseil à donner à ceux qui hésitent à reprendre leurs études ?


Apprendre et s’enrichir ne doit pas faire hésiter. Il faut juste le faire à un moment de sa vie laissant le temps nécessaire car il y a un investissement à donner. Mais après, on ne regrette pas !

Luc Lafond, diplômé de l’IAE, lauréat d’un trophée Direction(s)

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